C’est à 18h que nous nous sommes retrouvés pour commémorer le 80ème anniversaire de la bataille du Plan de Phazy sur la commune de Guillestre. La stèle placée ici a été inaugurée le 29 juillet 1945, et déplacée en 2023 pour la mettre en évidence un peu en retrait de la route.
Cette cérémonie a été l’occasion non seulement de remettre à l’honneur celles et ceux qui ont combattu pour la liberté, mais c’était aussi l’opportunité de remercier les personnes qui ont contribué au déplacement et à la mise en valeur de cette stèle.
Nous vous invitons ci-dessous:
- à replonger dans ces moments d’histoire,
- à connaître « qui a fait quoi » lors du déplacement de cette stèle
Un peu d’histoire
La naissance de la Résistance dans le Guillestrois Queyras
La capitulation de la France en juin 1940 n’a pas été acceptée par tout le monde : La privation de liberté et le joug de l’occupation allemande ont poussé de nombreux français, femmes et hommes, à s’investir pour répondre à leur manière à l’appel du 18 juin 1940.
Concernant le Guillestrois, deux noms sont à retenir :
- Paul Héraud, qui dès 1940 pose le problème « On ne peut pas rester ainsi, il faut faire quelque chose ! » et qui va tout faire pour organiser la Résistance en formation à discipline militaire
- Gilbert Galletti, qui sera chargé par Paul Héraud de créer le premier groupe Franc dans les Hautes-Alpes. Formé au maniement des explosifs en Angleterre, il va être le fondateur en mai 1943, du premier embryon de maquis du Guillestrois.
Sous le commandement de Paul Héraud, Gilbert Galletti participe avec ses hommes, au dynamitage des conduites de l’usine de l’Argentière, le 15 novembre et le 24 décembre 1944.
Dans le Guillestrois, les actions sont nombreuses, nous ne citerons que les plus significatives, le 23 juillet un convoi est attaqué à Saint-Clément, le 24 des actions à la Roche de Rame et à Saint Crépin. Les équipes de Galletti spécialisées dans le sabotage font sauter la voie ferrée entre Saint-Clément et Mont-Dauphin, une locomotive est sabotée à Mont-Dauphin. Les trains ne peuvent plus circuler dans le département.
Les anciens de l’armée française, officiers, sous-officiers, soldats, engagés dans les FFI, contribuent à l’encadrement des chantiers de jeunesse. Les chantiers forestiers et les maquis servent de refuge à ceux qui refusent de partir en Allemagne contribuer à l’effort de guerre des nazis, mais également d’une manière générale à ceux qui sont recherchés par la milice et la gestapo. Les anciens militaires leur donnent les bases du métier de la guérilla et les encadrent dans les combats.
De même, les anonymes de l’administration, gendarmerie, douanes, Ponts et Chaussées, Poste et Téléphone, et tous les Français médecins, commerçants, chefs d’entreprises, paysans, ouvriers, épouses et mères de famille etc. qui discrètement aident les maquis et les FFI, et participent aux actions terroristes, et ceci, bien souvent, sans que personne ne le sache. Nous pouvons tous les qualifier de résistants.
La bataille du Plan de Phazy
Le 26 juillet 1944, c’est La bataille du Plan de Phazy : Un convoi venant de Mont-Dauphin, composé de soldats allemands et de miliciens, est chargé de porter secours à leur convoi de ravitaillement, qui vient de subir une attaque à Savines.Ce convoi est attaqué au lieu-dit « la Mémoire » par l’équipe de résistants de Guillestre-Risoul sous la conduite de Jean CHEVALIER, avant d’être pris en tenaille avec l’entrée en action de la Résistance de Réotier – Saint-Clément sous la conduite de Jean FIORENZONI. Les Allemands et la milice ne parviennent à se dégager qu’à la faveur de la nuit.
Dans cette bataille, la Résistance, bien camouflée, n’a aucun blessé.
Mais malheureusement, parmi la population civile il y a des victimes qui se trouvaient dans les champs, malgré l’avertissement de risque de bataille donné par la Résistance :
- François FOURNIER mortellement atteint lors de la bataille
- Antoine FEUILLASSIER blessé à la jambe
- André JEHAN, blessé à la cheville,
Les pertes de l’armée allemande sont importantes, 3 tués et 17 blessés ; et 2 tués et 2 blessés parmi les miliciens.
Tout le Guillestrois s’attend à de rudes représailles. Le lendemain une demi-douzaine de camions allemands remonte la vallée sans faire usage de la force. Nous ne connaissons pas la raison de l’absence de représailles, mais quatre éléments ont pu conduire à la clémence :
- L’armée allemande croyait que les Maquisards étaient très nombreux ;
- L’occupant avait compris qu’il y avait beaucoup de Résistants dans la population et qu’une partie de celle-ci les soutenait ;
- les chefs des équipes FFI ont su maitriser leurs combattants en imposant de faire profil bas après l’attaque du Plan de Phazy ;
- Les gens du pays avaient su rester en contact avec les allemands et freiner ainsi leur désir de vengeance.
Néanmoins, la surveillance et les perquisitions deviennent plus nombreuses.
Cela n’empêche pas Jean CHEVALIER d’envoyer le 28 juillet un ultimatum à la Kommandantur installée dans l’hôtel Imbert.
Sans attendre la fin de l’ultimatum, l’état-major allemand quitte Guillestre pour se réfugier dans la Place Forte de Mont-Dauphin où toutes les équipes d’occupation allemande et de la milice dispersées dans le Queyras et Vars avaient déjà été regroupées. Dès lors, la Résistance exercera une surveillance constante de la Place Forte.
Dès le débarquement en Provence, le 15 août, les FFI harcèleront nuit et jour la Place Forte avec leurs fusils mitrailleurs depuis Risoul, Réotier et Eygliers. La garnison se rend à la résistance le 21 août au soir en présence des officiers des services spéciaux.
La dissolution des FFI
Le Gapençais, Embrunais et le Guillestrois libérés, la résistance du Guillestrois-Queyras continuera, pour l’honneur de la patrie, à se battre contre l’armée nazie dans le Briançonnais et le Queyras jusqu’à la dissolution des FFI le 10 octobre 1944.
Des résistants volontaires s’engageront dans l’armée française (11eme BCA) pour continuer le travail. Ils se battront dans le Queyras avec l’appui des anciens FFI du Jura et de l’Ardèche jusqu’au 25 avril 1945 (capitulation de l’Armée Allemande d’Italie) ou iront en Allemagne pour l’anéantissement du nazisme le 8 mai 1945.
Références : Le Temps du Refus de R. Meyer-Moine etc. ; La Seconde Guerre Mondiale dans les Hautes Akpes et l’Ubaye, d’Henri Béraud.
Déplacement de la Stèle
Le déplacement de la stèle a été l’oeuvre de plusieurs femmes et hommes, qui se sont impliqués afin de placer la stèle en retrait de la route nationale, sur un espace bien dégagé et mis à niveau grâce à l’apport de gravier. Il a fallu se retrousser les manches pour niveler, ratisser, nettoyer etc. Le premier texte de la stèle a lui aussi retrouvé la blancheur de ses lettres. Ne négligeons pas non plus l’aspect administratif qui nous a permis de bénéficier de l’aval de la direction InterRégionale des routes.
C’est donc tout naturellement que nous présentons nos remerciements, au nom du Souvenir Français et des Anciens combattants, à toutes celles et ceux qui ont œuvré pour le déplacement et la mise en valeur de cette stèle.
A vous, Mme Portevin, ainsi qu’à Mr Armandie et aux services techniques de la commune de Guillestre,
A Mr Cannat, Notre conseiller Départemental,
A Mrs Manonviller et Bellicaud, responsables des Anciens Combattants du Guillestrois Queyras,
Aux entreprises Charles Queyras TP, La Routière du Midi et Bellicaud,
A Mrs Bellicaud, Frigério, Maure, Dandumont, Eymar… (et nous en oublions sûrement), tous bénévoles.
Permettez-nous de vous adresser à tous notre plus sincère gratitude, pour votre engagement et le travail accompli, nous permettant d’honorer aujourd’hui ce 80ème anniversaire, et les suivants bien sûr !
Il nous reste à continuer d’embellir le site, et à prévoir éventuellement un mât pour faire flotter notre drapeau.
Nous ne saurions que trop vous inviter à solliciter les jeunes générations afin qu’ils assurent la « relève » et que continue à vivre le souvenir, notamment en pérennisant cette cérémonie.
Je remercie tout particulièrement notre Président, André Frezet, qui est passionné d’histoire et fait toujours une première écriture des textes que je remets en forme. Sans lui, j’aurais beaucoup moins de choses à dire, ça c’est certain !
Corinne Moutte
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